Être un guide, ce n’est pas pêcher, mais c’est difficile à battre
Larry Sydnor se réveille chaque matin à la lueur d’un lever de soleil autour duquel d’autres personnes planifient leurs vacances — le genre de lever de soleil que les photographes poursuivent toute leur vie, un lever de soleil qui vous fait prendre la résolution de vous lever avant l’aube tous les jours du restant de votre vie.
Et voici le comble : chaque journée de M. Sydnor se termine par un coucher de soleil plus spectaculaire que tout autre coucher de soleil, et, 200 jours par année, il est payé pour admirer les deux extrémités de ces jours.
Sydnor est un des guides de pêches à la mouche les mieux cotés des Keys, en Floride. Il travaille dur, puisqu’être un guide, ce n’est pas pêcher, c’est plus de travail que ce que vous pensez — physiquement, émotionnellement et mentalement. Sydnor est payé pour offrir l’excursion de pêche de toute une vie à pratiquement tous les pêcheurs à la ligne qui embarquent sur son bateau, et ce, chaque jour.
Mais bon... il travaille tout de même dans les Keys, en Floride.
Il ne regrette qu’une chose : « J’aurais souhaité commencer ma carrière de guide plus tôt », confie M. Sydnor, qui vit sur Key Largo, la plus grande île de l’archipel.
Aperçu de l’histoire des Keys
Au cas où vous ne les auriez jamais visitées, les Keys de la Floride sont un archipel de cayes coralliennes spectaculaire au large de la côte méridionale de la Floride, qui se situe à la pointe sud de la partie continentale des États-Unis. La distance entre Key Largo (la Key la plus au nord) et Key West (la plus au sud-ouest et la dernière des Keys) est de 97 miles (environ 156 km) en voiture.
JPour la plus grande partie de leur histoire, les Keys n’étaient accessibles que par bateau. Cela changea toutefois au début des années 1910 avec la construction de l’Overseas Railway, qui connectait la Floride continentale à Key West à travers un remarquable réseau de ponts sur chevalets. Par contre, le chemin de fer a été détruit par un énorme ouragan pendant la Fête du Travail en 1935 et a été reconverti en route pour les voitures. Cette série de routes comprend aujourd’hui la partie la plus méridionale de la U.S. Highway 1, qui commence à la frontière avec le Canada à Fort Kane, dans le Maine, et se termine 2369 miles (environ 3813 km) plus au sud à Key West.
Arrivons-en aux poissons
M. Syndor, exemple ambulant du look d’un guide sur une île — grand, mince, un peu musclé, assez beau et très décontracté — pêche à partir d’un bateau Islamorada de Chittum Skiffs muni d’un moteur hors-bord Pro XS de Mercury, puissant, mais silencieux. Malgré toute cette technologie, M. Sydnor reste fier de ses talents de « poussée » lorsqu’il utilise une longue perche pour déplacer le bateau en silence vers le poisson.
« C’est gratifiant d’arriver à donner l’occasion à quelqu’un de réaliser un rêve », avoue-t-il. « Mais il faut être en bonne condition physique; certains jours, je peux passer sept heures sur la plateforme à pousser. »
M. Sydnor a obtenu son permis de capitaine en 2000 et est guide depuis. Il est toutefois difficile de l’imagine autre part que dans les Keys. Il est né en Ohio, mais la seule preuve restante de ses origines est sa préférence du bison au poisson (« je suis un guide qui préfère attraper et relâcher les poissons, je n’aime pas trop les voir dans mon assiette ») et un parti pris pour le Rock 'n Roll. Désolé Jim Buffett.
Sa réorientation de carrière a été déclenchée par une rencontre fortuite.
« Ma femme (Sharon) m’a présenté à un de ses amis, le capitaine Gary Ellis, un guide de pêche en haute mer à Islamorada avec qui elle avait travaillé à Chicago », raconte M. Sydnor. « Notre premier voyage avec le capitaine Ellis m’a donné la piqûre après ma première expérience sur l’eau — j’ai attrapé un brochet de mer, un sébaste et un tarpon argenté — un TOUR DU CHAPEAU en haute mer! »
« Gary et sa femme, Susan, organisent la Redbone Tournament Series afin de collecter des fonds pour la recherche sur la fibrose kystique, dont leur fille de 3 ans était atteinte. Sharon et moi avions une société commerciale d’affichage. Gary m’a donc invité à pêcher dans tous ses tournois et, en échange, j’ai conçu, produit et installé tout leur affichage pour le coût du matériel — et ça a été un bon coup pour nous deux. Nous étions contents de leur donner bonne allure et de leur permettre de générer plein d’intérêts, et en échange, j’ai pu pêcher avec un des meilleurs guides. »
Livrer la marchandise
Malgré la beauté frappante du ciel, de l’eau et de la riche faune et flore aquatique dans les Keys, M. Sydnor avoue que le travail peut être demandant.
Son défi le plus grand?
« Essayer de rendre les pêcheurs à la ligne heureux alors qu’ils pensent que ce sera une aventure facile après avoir vu à la télévision des émissions de pêche qui ont été montées et condensées pour ne montrer que les scènes d’action », admet-il. « Plusieurs (clients) ne sont pas réalistes quant à leur niveau d’habileté personnel et ne sont pas toujours ouverts à mes propositions pour améliorer la situation. »
« J’ai toutefois appris à ne pas trop penser et lorsque j’arrive à la maison, je laisse tout derrière. Le taux de divorce chez les guides locaux est étonnant. Ce n’est pas juste du plaisir et des jeux. Je pars au travail alors qu’il fait noir et je reviens alors qu’il noir. C’est une carrière très éprouvante mentalement et physiquement, sans parler du cancer de la peau. »
Mais bon... c’est quand même les Keys et il est facile pour M. Sydnor d’aimer chaque jour passé sur l’eau.
« Le meilleur dans le fait d’être un guide, c’est que je peux pêcher “à travers” les pêcheurs à la ligne », avoue-t-il, « faire partie de leur expérience alors qu’ils attrapent leur première banane de mer, leur premier tarpon argenté ou autre poisson. L’important pour moi, c’est le pêcheur — je repère le poisson pour eux et je les aide lors de la présentation et l’hameçonnage. Surtout pour les pêcheurs avec peu d’expérience, les voir parfaire leurs habiletés, participer à des tournois et devenir guides eux-mêmes. Je passe le flambeau. »
Pour plusieurs guides, pêcher dans les Keys signifie pêcher dans des eaux calmes, claires et peu profondes et se mesurer à des poissons convoités, tels que le tarpon argenté, le pompano, la banane de mer, le brochet de mer et le sébaste.
« J’adore pêcher toutes les “longueurs” d’espèce de poisson », avoue M. Sydnor. « Pêcher les poissons plats à l’œil nu, c’est tellement enivrant avec les bananes de mer et les pompanos, même avec les sébastes. Les prises me coupent parfois le souffle, surtout lorsque le poisson a mangé une de mes mouches attachées à la main. »
M. Sydnor affirme que son succès dépend du bouche-à-oreille. Il sait qu’il a fait du bon travail lorsqu’un client revient l’année suivante, ou, encore mieux, lorsqu’il reçoit un appel d’un client qui veut réserver un voyage parce qu’un ami le lui a conseillé.
À la fin de la journée, M. Sydnor se trouve exactement là où il veut être et où il sera toujours.
« Je suis très heureux d’être là où je suis aujourd’hui », affirme-t-il. « Lorsque j’ai déménagé de Fort Lauderdale, ça m’a pris au moins une année pour ralentir mon rythme de vie. Les choses vont plus lentement ici et ça ne changera jamais. »